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L'usage des thermes
Les thermes occupent dans la vie quotidienne des romains un role considérable : ils representaient à la fois le luxe et une nécessité . On y faisait de l'exercice, bavardait, se delassait sous les mains d'un masseur, lisait, se faisait raser, s'épiler ou encore mangeait des friandises .
ILs ouvraient généralement vers quatorze heures et n'étant pas mixtes, des locaux séparés étaient nécessaires comme dans les thermes du forum à Pompei ou des horaires alternés étaient instaurées : les femmes s'y rendaient en début d'après midi et les hommes après . L'entrée était soit gratuite, soit peu élevé, ce qui permettait de rendre l'accès aux thermes accessible à la majorité de la population . Les romains s'y rendaient vers quatre heures de l'après midi avant l'heure du diner .
Il n'y avait pas de parcours obligé mais généralement le principe était de suer un maximum pour pouvoir nettoyer les pores avant de finir dans la piscine d'eau froide pour les resserer.
Ils commencaient par se dévétir dans l'apodyterium et ne gardaient qu'une serviette, leur huile, eventuellement une éponge et leur strigile ; Les romains s'enduisaient le corps d'huile, afin de provoquer, par l'exsudation due aux exercices physiques, une saponification qui nettoyait l'epiderme . Ils commencaient donc par faire du sport et des jeux dans la palestre ou aller directement au caldarium pour suer . Dans le caldarium , chacun s'installait autour du labrum , s'enduisaient d'huile puis s'aspergeait d'eau bouillante tout en enlevant la transpiration du corps à l'aide d'une strigile ou pouvait se délasser dans un bain chaud . Le sol du caldarium était si chaud que les usagers ne pouvaient s'y déplacer sans porter des sandales . Ils passaient ensuite par le tepidarium , salle tiède qui permettait au corps de s'habituer à une température plus basse ; on pouvait y demander des soins corporels, tels des massages ou une onction parfumée . Dans les grands thermes, ces services se donnaient dans des pièces à part entiere . Le rituel des bains se finnissait dans le frigidarium puis dans la natatio (grande piscine d'eau froide où l'on pouvait nager soit en plein air ou à couvert) ce bain d'eau froide permet au baigneur de redonner du tonus à sa peau et de la raffermir . On pouvait également trouver des marchands ambulants dans le frigidarium . Les grands thermes offraient des jardins et des bibliothèques ce qui permettait de se promener, de réfléchir et de se cultiver ; ainsi, le baigneur une fois nettoyé et détendu pouvait, se rendre paisiblement à la bibliothèque, se promener dans les jardins ou encore dans une des salles de repos, où il lui était possible de converser avec ses amis, traiter des affaires, de jouer aux dés, ou de faire la sieste .
Sénèque restranscrit l'ambiance qui régnait dans les thermes dans une de ses lettres à Lucilius (IV, 56)
"Me voici au milieu d'un vrai charivari . Je suis logé à coté d'un établissement de bains ; et maintenant représene toi tout ce que peut la voix humaine pour exaspérer les oreilles ; quand les champions du gymnase s'entraine en remuant leurs haltères de plomb, quand ils peinent ou font comme si ils peinaient, je les entends geindre ... Si je suis tombé sur quelque baigneur passif qui ne veut rien de pus que le massage du pauvre, j'entends le bruit de la main claqueant sur les épaules avec un son indifférent, selon qu'elle arrive à creux ou à plat . Mais qu'un joueur de balle survienne et se mette à compter les points, c'est le coup de grace ! N'oublie pas le chercheur de querelles, le filou pris sur le fait, l'homme qui trouve que dans le bain il a une jolie voix . N'oublie pas la piscine et l'énorme bruit d'eau remuée à haque plongeon . Outre ces gens qui à défaut d'autre chose, nt des intonations natureles, figure toi l'épileur qui reprend sans cesse un glapissement en fasset, afin de signaler sa présence, et ne se taisant que pour écorcher les aisselles et faire crier un autre à sa place . Puis c'est le marchand de boisson avec ses appels sur diverses notes, le marchand de saucisses, le confiseur et tous ces garçons de taverne qui ont chacun pour crier leur marchandise une modulation caractéristique ."
Les thermes représente une manière de vivre et le concept du parcours thermal ne reposent pas sur la baignade mais sur l'exposition du corps aux différentes températures de l'eau et de l'air .
L'origine des thermes
Les thermes (thermae (de l’adjectif grec thermos : chaud)) étaient aussi appelés bains (balineae (le mot était employé au pluriel pour désigner les bains publics et au singulier : bal(i)neum pour les bains particuliers) par les romains .
Les premiers thermes apparaissent en Italie méridionale et semblent dériver du gymnase grec . Ils seront privés, les plus anciens connus sont les thermes de stabies à Pompei (antérieurs à l'occupation romaine sous leur première forme et ont été agrandis et adaptés jusqu'aux derniers temps de la cité) . Avant l'invention du systeme de chauffage par hypocauste au Ier siècle, pour chauffer les salles les romains utilisaient des braseros . Les thermes du forum à Pompei ont d'ailleurs conservé dans leur tepidarium un grand brasero de bronze que leur avait offert un riche négociant . Les thermes de l'époque républicaine souffraient d'une absence d'éclairage et restaient ouverts jusqu'à la tombée de la nuit .
Dans un de ses textes (Lettres, LXXXVI, 4 à 13), Sénèque décrit ces thermes :
"J'ai vu ... le cabinet de bains étroit, ténébreux, selon la coutume du vieux temps . Il fallait l'obscurité à nos ancetres pour qu'ils se sentissent bien au chaud ... à présent qui souffrirait de se baigner dans de semblables conditions... Dans ce bain de Scipion il y a, au lieu de fenetre, des meutrières taillées en plein mur... Aujourd'hui on appelle trou à mites les bains qui ne sont pas agencés de façon à recevoir par d'immenses fenetres le soleil toute la journée ."
Les progrès effectués dans le domaine du verre permirent de résoudre ce problème . En effet, toutes les salles des thermes (y compris le caldarium) de l'époque impériale étaient munies de grande baies vitrée, qui favorisait le diffusion d'une lumière génereuse tout en assurant la conservation de la température intérieure .
![baies du caladarium des thermes de Constantin à Arles](data/baies.jpg)
Baies du caldarium des thermes de Constantin à Arles
Selon Pline l'ancien, en 33 av JC, Agrippa (Marcus Vipsanius Agrippa), fidèle conseiller et ami d'Octave (futur Auguste) offre la gratuité d'accès aux thermes publics aux citoyens romains . Cette mesure donne tout l'importance qu'ont les thermes à Rome . En 25 avant JC, Il fait construire les premiers grands bains publics qui sont à l'époque les plus grands thermes jamais construit . Ils étaient alimentés par l'aqua Virgo qui était alors aussi en construction . Les grand thermes publics se répandirent ensuite dans tout l'empire . Les empereurs ou les paticiens désireux de réussir leur carrière finançaient la construction de ces édifices, les coûts de fonctionnement des thermes étaient assurés par les finances publiques.
On retrouvera des thermes dans toutes les villes de l'empire romain, dans des régions soumises tant à la rigueur du climat germanique qu'à la chaleur saharienne et Rome comptait 956 thermes publics dont les onze thermes imperiaux sous le règne de constantin (306-337) selon la Notitia .
inventaire des biens entrepris par Constantin.
L'alimentation en eau
Primitivement, les thermes étaient alimentés par des puits puis par des canalisations ou directement par des aqueducs comme les thermes impériaux (l'aqua Traiana et un autre alimentaient les thermes de Trajan, une extension de l'aqua Murcia celui de caracalla ), L'eau arrivait dans de grands réservoirs d'où elle était acheminée vers les différentes parties du complexe .
Les thermes imperiaux
Les thermes sont construits à une grande échelle à partir du règne de Néron .
Il fit édifier en 62 avant JC, un édifice thermal de 190 mètres sur 120 (encore plus vaste que les thermes d'Agrippa ) sur le champ de mars .
Ce complexe représente le véritable prototype des grands thermes impériaux au plan axé et symétrique et fut un stimulant au dépassement :
Ces trois complexes sont composés d'une enceinte (fait d'absides et d'exèdres) qui entoure des jardins et le corps principal qui comprend selon un axe de symétrie et dans le meme ordre : une natatio à ciel ouvert, une vaste salle de réunion (appelée "basilique"), un tepidarium et pour finir le caldarium . On y trouvait aussi des boutiques, des espaces extérieur et intérieur réservés au sport (comme des palestres, sphaeristeria, ...), des salles de massage, des bibliothèques et des latrines sans oublier les pièces de services, les citernes et les locaux souterrains réservés au stockage du combustible et à l'entretien des installations de chauffage .
Les thermes de Caracalla pouvaient accueillir jusqu'à 1600 personnes, ceux de Dioclétien le double .
![]() Le frigidarium des thermes de Diocletien (aujourd'hui la nef et le transept de l'église Sainte Marie des Anges) |
![]() Les colonnes montrent la hauteur de la salle |
Les principes architecturaux et l'organisation des thermes
On distingue trois niveaux dans les thermes :
Les salles chaudes sont chauffés par le sol grace au principe de l'hypocauste dont l'invention fut attribué par Pline à C. Sergius Orata, contemporain de Sylla . Le sol (suspensura) était porté par des pilettes de briques (pilae) qui reposaient sur le sol intérieur de l'hypocauste (fait de terre ou de dalles de terre cuite) . L'air chaud circulait dans l'espace libre entre la suspensura et le sol interieur . Ce "sous sol" était alimenté par un ou plusieurs foyers (praefurnium) aménagés dans l'épaisseur des murs . Le combustible utilisé était probablement du charbon de bois ou du bois très sec afin d'avoir un minimum de suies . On retrouvait toujours les aires de stockage de bois à proximité des foyers (praefurnia) .
Avant l'époque impériale, les pilettes était d'abord en céramique et moulée d'une seule pièce .
La fumée et l'air chaud était ensuite évacués par des canaux de briques creuses (tubuli) qui doublaient les parois et permettaient un chauffage optimum de la pièce par les murs et de réduire la condensation . Ces briques communiquaient en partie haute avec un conduit de cheminée sortant à la hauteur de la naissance des voutes des salles chaudes . Ce système de communication avec l'extérieur permettait aussi d'assurer un bon tirage des foyers .
Lorsqu'un bassin occupait la salle, celui ci était toujours placé à l'embouchure d'un foyer de façon à bénéficier en premier de l'air chaud et l'échange entre la chaleur et l'eau était favorisé par une tole de bronze inclinée (testudo), placée directement à la sortie des flammes .
![schema de principe de l'hypocauste](data/principe.jpg)
Les architectes respectent dans certains thermes (comme les thermes de nord à Lutece) une orientation naturelle, en plaçant les salles froides au nord et les salles chaudes au
sud .
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![]() Sortie des cheminées dans l'amorce des voutes du caldarium des thermes d'Arles |
![]() Praefurnium dans une salle de chauffe des thermes de Constantin à Arles |
![]() escaliers de services permettant d'accéder au toit pour son entretien (thermes d'Arles) . |
Le decor des thermes
Les thermes étaient le reflet de la richesse d’une ville et de son financeur ils étaient donc toujours richement ornés . Les murs étaient parés de placages de marbre ou de pierres colorées, de mosaiques, de stucs ou d'enduites peints . Dans les thermes imperiaux, Les salles et les absides étaient ornées de sculptures des meilleurs sculpteurs grecs . Cette "mode" fut lancée par Agrippa .
Les locaux de service n'étaient pas négligé comme en témoigne l'enduit peint rouge et noir retrouvé dans les sous-sol des thermes du nord de Lutece (voir ci-dessous)